Le podcast réalisé par Manon Mottard sera publié prochainement! Revenez vite!
Et « À Nous la Rue », on a voulu le commencer par-là : avec le projet Vers’ailes et ses participantes, questionner en tant que femme nos rapports à la ville et à nos quartiers.
« une femme en ville ne peut être que courageuse ! »
« une femme en ville, elle s’impose ! Puis il faut oser se forcer, vivre sa vie, y aller ! »
« pour être tranquille, ne pas être harcelée, je me fais discrète, j’évite le contact. »
« j’ose plus dans mon quartier parce que je connais les gens ! »
« dans mon quartier je me cache, parce que tout le monde se connaît, tout se sait. »
« la ville c’est plus difficile pour une femme qui porte le foulard. C’est un combat de tous les jours, il faut se justifier tout le temps »
« une femme dans nos quartiers, c’est la responsabilité de l’éducation des jeunes. La femme c’est la référente du quartier, c’est sur elle que tout repose. Quand on est mère, on est mères de tous les enfants »
« on cherche la sécurité, là où c’est éclairé »
« une femme en ville représente l’espoir »
« comme une fleur dans une forêt : il y a des animaux, des intempéries, et tu restes, tu éclos, tu illumines. »
« une femme en ville représente la force et le pouvoir d’être »
« on représente la joie, le soleil, la vie »
« c’est nous la beauté, c’est nous qui la construisons »
« sortir en ville c’est s’évader de la maison, la lâcher. »
« on est sans cesse un objet d’attention. On se fait scanner du regard. Et à partir d’un certain âge, on devient invisible. »
« il faut s’imposer »
On a mis en lien ces rapports à la ville et aux quartiers avec notre propre histoire du vélo :
« Je pensais qu’il était trop tard pour apprendre le vélo, normalement on apprend quand on est enfant. Mais finalement, ça a été, j’ai appris avec patience et beaucoup de courage. Maintenant quand je fais du vélo c’est comme si je danse, je suis légère, à l’aise. »
« Depuis petite j’ai peur de faire du vélo. C’est un rêve difficile. Aujourd’hui le vélo représente comme un arc en ciel qui me mène à mon rêve. C’est un sentiment de liberté. De fierté. Je me sens bien avec ça. Maintenant je n’ai plus peur. Je regrette ne pas avoir appris plus tôt, parce que maintenant j’ai déjà de l’arthrose. »
« Moi le vélo m’a donné de l’espoir. J’ai réalisé un rêve. Avant j’étais plus renfermée et maintenant je suis comme un ballon qui s’envole vers le ciel. J’avais essayé seule mais je n’y arrivais pas, sans un groupe de femmes comme Vers’ailes je n’y serais pas parvenue »
« Petite j’avais appris le vélo en cachette, avec celui de mon grand-père. Plus tard je n’ai plus fait de vélo et j’ai vécu cette liberté à travers mes enfants : en la leur donnant à eux. Ma fille fait de la mécano vélo, j’ai 7 vélos à la maison. Maintenant j’ai peur, et mon mari me dit que je vais tomber, j’ai peur pour mes os avec l’âge. »
« n’écoute pas ce que les autres te disent car tu as la force en toi et la capacité »
« moi qui fais du vélo c’est comme une fleur qui éclos d’un terrain sec et aride »
« l’entourage, comme quand j’ai fais mes études, ils te remettent en question, te disent que ça ne sert à rien, que c’est inutile, que tu ne vas pas y arriver. Mais on est capable. On a traversé tellement d’épreuves. C’est la femme qui fait tout en fait. J’ai appris à faire du vélo en un jour alors que mes enfants ils ont mis une semaine, et je roule bien ! »
« j’avais appris le vélo très jeune, et puis j’ai arrêté. Avec le projet Vers’ailes, je commence à redevenir plus jeune, plus libre. Pour moi c’est indispensable de pouvoir sortir en vélo, je n’y arrive pas encore, mais j’y travailles »
« j’ai toujours roulé, enfant, adolescente. Et puis la vie, devenir maman, et dans les traditions de mon mari ça ne se faisait pas trop, j’ai mis ça de côté. J’avais d’autres choses à faire. On se dit que dans la vie il y a toujours d’autres priorités, mais le plaisir c’est aussi une priorité. Et puis un jour je l’ai fait, je suis venue ici à Vers’ailes. Maintenant je roule, j’ai mon propre vélo. »
Rouler en vélo pour plein de personnes, c’est un long chemin, « on&off » comme on dit (comme par intervalles). Ça vient nous chercher dans notre histoire personnelle, familiale, dans des dimensions qui nous dépassent un peu, notre propre rapport à l’autonomie, qui on est ou qui on « représente » socialement. Notre rapport particulier et changeant au sentiment de liberté aussi.
Pendant ces conversations, sur l’espace public -la ville et nos quartiers- et la pratique du vélo en tant que femme, on a pu constater -une fois tous ces aspects et vécus écris et posés au mur- les liens évidents entre nos rapports à l’espace et au vélo. Comment les réalités que l’on vit, les injonctions qui nous sont faite, nous impactent dans l’un et dans l’autre, et dans chaque aspect de nos vies. Les difficultés exprimées à « naviguer » l’espace public en tant que femme voilée impactent aussi notre pratique du vélo. On a pu verbaliser ces liens, les discuter, ne pas être d’accord sur leurs différentes arborescences, puis échanger des stratégies.
On vous tease! La suite dans une ou deux semaines! On vous parlera des liens entre la réappropriation de l’espace public, le racisme, l’islamophobie et le sexisme dans la pratique du vélo, et on vous filera pleins de ressources à checker à ces sujets pour vous inspirer et aller plus loin ! À bientôt !